Hollywood en panne d’idées ?
Hollywood semble en boucle. Chaque année, les écrans sont envahis de suites, remakes, reboots et spin-offs. Certains y voient une crise créative. D’autres, une stratégie marketing bien rodée. Mais alors, le cinéma américain a-t-il vraiment perdu sa capacité à innover ?
Le règne sans partage des franchises
Il suffit d’analyser le box-office pour le constater : les 10 plus gros succès de 2024 sont presque tous des suites ou des adaptations. Marvel, Fast & Furious, Pixar ou encore Harry Potter dominent les écrans. Les studios misent sur ce qui a déjà fonctionné. Le risque est réduit, les profits sont maximisés.
Les films originaux, souvent plus audacieux, peinent à exister dans ce paysage saturé. Les distributeurs les relèguent à quelques séances, les plateformes les absorbent, et le public les ignore parfois faute de visibilité.
Une créativité déplacée vers d’autres formats
Selon Jonathan Nolan, co-créateur de Westworld, l’audace narrative est aujourd’hui davantage présente dans le jeu vidéo que dans le cinéma. Ce constat se reflète aussi dans les séries, où le format long permet plus d’expérimentation.
Les jeunes talents se tournent vers les plateformes ou l’animation indépendante. Les studios traditionnels, eux, privilégient les projets rassurants pour les actionnaires.
La nostalgie comme argument de vente
Hollywood vend des souvenirs. Chaque remake ou suite repose sur une émotion partagée : celle de retrouver un univers familier. Le fan service, les clins d’œil, les acteurs des années 90 ou 2000 sont mobilisés pour séduire plusieurs générations à la fois.
Cette stratégie fonctionne… mais limite la capacité de renouvellement. L’innovation devient risquée, alors que la nostalgie semble rentable à coup sûr.
Une tradition ancienne
Le recours au remake n’est pas nouveau. King Kong, A Star is Born, La Mouche… le cinéma a toujours rejoué ses propres histoires. À l’époque du muet, on remakait pour passer au parlant. Plus tard, pour changer de langue, de ton ou de technologie.
Hollywood a toujours recyclé ses mythes. La nouveauté, c’est la fréquence de ces recyclages et leur nature souvent plus commerciale qu’artistique.
Le danger d’un cinéma uniforme
À force de se répéter, Hollywood court le risque de l’uniformisation. Moins de diversité, moins de voix originales, plus de conformisme. Même les avancées technologiques comme l’IA sont utilisées pour reconstituer des acteurs ou écrire des scènes, plutôt que pour innover.
Les jeunes créateurs ont du mal à se faire une place. L’écosystème devient plus fermé, malgré les discours sur l’ouverture et la diversité.
Quand le remake devient un outil de relecture
Heureusement, certains remakes parviennent à proposer une nouvelle lecture. West Side Story de Spielberg, Suspiria de Guadagnino ou encore La Petite Sirène version 2023 apportent des angles inédits, des castings plus inclusifs et une réelle ambition esthétique.
Dans ces cas-là, le remake devient un vecteur de sens et d’évolution culturelle, et non un simple recyclage.
Conclusion : et si Hollywood osait à nouveau rêver ?
La répétition des formules ne signe pas la mort de la créativité, mais elle en limite la portée. Hollywood sait encore innover, mais choisit trop souvent la facilité. Pour surprendre, émouvoir, réinventer, il faudra peut-être un jour recommencer à prendre des risques. Le public, lui, attend plus qu’un souvenir : il attend un choc, une émotion neuve, un récit inédit.