Aphantasie : vivre sans images mentales

Fermez les yeux. Imaginez une plage de sable blanc, bercée par les vagues. Vous y êtes ? Pour 1 à 3 % de la population mondiale, cette simple expérience est impossible. Leur esprit reste noir. Cette particularité cognitive porte un nom : l’aphantasie. Voici ce qu’il faut savoir.

Qu’est-ce que l’aphantasie ?

L’aphantasie est l’incapacité de générer volontairement des images mentales visuelles. Le terme a été popularisé en 2015 par le neurologue britannique Adam Zeman, bien que le phénomène ait été observé dès 1880 par Francis Galton. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’un déficit d’imagination mais bien d’une absence de visualisation sensorielle.

Les symptômes et formes d’aphantasie

Les personnes aphantasiques ne voient pas d’images dans leur esprit, même lorsqu’elles essaient de se remémorer un visage, un lieu ou un objet. Chez certains, cette absence peut aussi s’étendre aux sons, aux odeurs, voire aux sensations physiques imaginées. Il existe différents degrés et formes d’aphantasie selon les individus.

Comment diagnostiquer l’aphantasie ?

Plusieurs tests permettent d’évaluer cette condition :

  • Le questionnaire du petit-déjeuner de Galton : imaginez votre repas du matin et décrivez-le visuellement.
  • Le Vividness of Visual Imagery Questionnaire (VVIQ) de David Marks : 16 questions évaluant la précision de l’imagerie mentale.
  • La rivalité binoculaire : un test expérimental en laboratoire qui mesure la domination des images imaginées sur la perception réelle.

Aphantasie : quelles conséquences sur le quotidien ?

Bien que non pathologique, l’aphantasie peut influencer la mémoire autobiographique, la reconnaissance faciale, la créativité visuelle ou encore la projection dans le futur. Certains rencontrent des difficultés d’apprentissage, notamment en lecture ou en orientation, mais la plupart des personnes concernées s’y adaptent naturellement.

Faut-il s’inquiéter ? Aphantasie et handicap perçu

Loin d’être un handicap, l’aphantasie est souvent perçue comme une différence neutre, voire bénéfique. Des études montrent que ces personnes traitent les informations visuelles plus lentement, mais avec autant de pertinence. Leur cerveau mobilise d’autres stratégies : logique, verbale ou conceptuelle. En somme, l’aphantasie n’est pas une faiblesse, c’est une autre façon de penser.

Conclusion

L’aphantasie interroge notre rapport à l’imaginaire et à la mémoire. Invisible, souvent découverte sur le tard, elle rappelle que chacun perçoit le monde différemment. À l’heure où la diversité cognitive devient un sujet central, reconnaître et comprendre l’aphantasie, c’est enrichir notre regard sur l’intelligence humaine.

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