Cancer : un test sanguin pour détecter la récidive ?

Et si une simple prise de sang suffisait à repérer le retour d’un cancer, bien avant qu’un scanner ne le révèle ? C’est désormais une piste très sérieuse. Grâce à un test basé sur l’ADN tumoral circulant, les chercheurs peuvent détecter la récidive plusieurs mois à l’avance. Une avancée prometteuse pour personnaliser les traitements et mieux surveiller les patients en rémission.

Qu’est-ce que l’ADN tumoral circulant ?

L’ADN tumoral circulant (ctDNA) correspond à des fragments d’ADN libérés par les cellules cancéreuses dans la circulation sanguine. Contrairement aux biopsies classiques, cette méthode est non invasive, répétable, et permet un suivi dynamique du cancer.

Le principe : après traitement, si on détecte encore du ctDNA dans le sang, cela peut indiquer qu’il reste des cellules cancéreuses actives, invisibles aux examens d’imagerie.

Un test sanguin ultra-sensible testé sur le cancer du poumon

Une étude récente publiée dans Nature Medicine a évalué un test appelé NeXT Personal, capable de détecter le ctDNA à des niveaux extrêmement faibles, jusqu’à 3 parties par million.

Les chercheurs ont suivi 65 patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules (LUAD) à un stade précoce. Résultat : le test a prédit avec précision le risque de récidive et a montré une corrélation claire avec la survie globale et la survie sans récidive.

Le cas du cancer du côlon : moins de chimio, même efficacité

Dans l’essai DYNAMIC, publié dans le New England Journal of Medicine, des patients atteints de cancer du côlon de stade II ont été traités selon la présence ou non de ctDNA après chirurgie.

Résultat : la moitié des patients ont évité une chimiothérapie inutile, sans compromettre leur taux de survie. Le taux de récidive à deux ans était comparable à celui d’un traitement standard. La médecine devient ainsi plus précise, plus ciblée, et mieux tolérée.

Pourquoi cette technologie change la donne

  • Détection plus précoce qu’un scanner ou un marqueur tumoral.
  • Surveillance personnalisée : ajustement des traitements au plus juste.
  • Réduction des effets secondaires : moins de traitements inutiles.

Ce test transforme la phase de surveillance post-cancer, souvent source d’angoisse, en une stratégie proactive et mesurée.

Des limites encore à dépasser

Malgré ces résultats encourageants, le test n’est pas encore largement utilisé. Il reste à standardiser les seuils de détection, à valider les bénéfices cliniques sur le long terme, et à en démocratiser l’accès.

Le coût, la sensibilité variable selon les types de cancer, et l’interprétation des résultats sont autant de défis à relever.

Conclusion

Les tests sanguins à base d’ADN tumoral circulant ouvrent une nouvelle voie dans la lutte contre le cancer. Plus précoces, plus précis, ils promettent de détecter les récidives avant même que les symptômes n’apparaissent. Une révolution discrète mais puissante, qui pourrait transformer le suivi des patients et éviter bien des traitements lourds… tout en sauvant des vies.