Fusion nucléaire : un record français relance l’espoir d’une énergie propre
Le 12 février 2025, le réacteur français WEST, situé à Cadarache (CEA), a battu un record mondial en maintenant un plasma pendant 22 minutes et 17 secondes. Cette prouesse marque un tournant dans la quête de la fusion nucléaire, une énergie propre, puissante et presque illimitée qui pourrait révolutionner notre avenir énergétique.
Fusion nucléaire : comprendre les bases
Contrairement à la fission nucléaire (utilisée dans les centrales actuelles), la fusion consiste à combiner deux noyaux d’atomes légers (comme l’hydrogène) pour en former un plus lourd. Cette réaction libère une immense quantité d’énergie, comme au cœur du Soleil.
Pour y parvenir sur Terre, il faut confiner un plasma à plus de 100 millions de degrés Celsius à l’aide d’un champ magnétique intense, dans une machine appelée tokamak. Le défi est de maintenir ce plasma de façon stable, assez longtemps pour produire plus d’énergie qu’on en consomme.
WEST : un record mondial made in France
Avec ses 1 337 secondes de plasma stable, le tokamak WEST dépasse le précédent record établi par la Chine. Cette performance confirme la capacité des équipes françaises à repousser les limites de la fusion.
WEST utilise des bobines supraconductrices refroidies à l’hélium et un revêtement interne en tungstène, proche de celui qui équipera ITER. Ce test grandeur nature prépare ainsi les futurs réacteurs à usage industriel.
ITER : la coopération mondiale autour de la fusion
ITER, actuellement en construction à Saint-Paul-lès-Durance, est le plus grand projet de recherche sur la fusion jamais lancé. Il rassemble 35 pays dont la France, la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie.
L’objectif : prouver qu’il est possible de générer une réaction de fusion produisant plus d’énergie qu’elle n’en consomme (le fameux seuil d’ignition). ITER devrait commencer ses premiers tests de plasma d’ici la fin de la décennie.
L’IA entre dans le jeu avec Microsoft
Pour exploiter les milliards de données générées par ITER, un partenariat a été signé avec Microsoft. Grâce à des outils d’intelligence artificielle comme Copilot, DeepSearch ou Agent Flow, les chercheurs peuvent analyser les résultats plus rapidement et orienter les expériences en temps réel.
C’est une illustration de plus de l’intégration croissante entre la science fondamentale et les technologies numériques avancées.
Un enjeu stratégique pour l’énergie mondiale
Avec l’explosion des besoins énergétiques (IA, data centers, transports, industries vertes), la fusion représente un levier de souveraineté énergétique. Elle offre une alternative aux énergies fossiles et réduit les tensions géopolitiques liées au pétrole ou au gaz.
Une centrale à fusion consommerait très peu de combustible, produirait peu de déchets, et ne générerait pas de gaz à effet de serre.
Des limites à court terme
Malgré les records récents, la fusion nucléaire ne sera pas opérationnelle à grande échelle avant au moins 2040. Or, les objectifs climatiques du Net Zéro 2050 exigent des solutions plus rapides.
La fusion reste donc une solution de long terme, complémentaire des efforts actuels en matière de sobriété, de renouvelables et d’efficacité énergétique.
Conclusion
Le record du réacteur WEST confirme que la France est à la pointe de la recherche sur la fusion nucléaire. Si la route vers une exploitation industrielle est encore longue, ces avancées la rendent chaque jour plus crédible.
Entre innovation technologique, coopération mondiale et transition énergétique, la fusion pourrait bien devenir le pilier d’un nouveau modèle énergétique… à condition d’y croire et d’y investir durablement.